Dites « Oui » à la question des 92 ans!

Projetez-vous en 2130 un instant! L'un de vos descendants fouille l'histoire de ses ancêtres : vous et votre famille. Éprouvera-t-il des frissons à découvrir des choses sur votre famille et vous? Dénichera-t-il ces petites perles d'information qui lui donneront l'impression d'un peu mieux vous connaître?

En 2006, le recensement a innové en posant une question très importante : si vous consentiez à ce que les renseignements que vous aviez fournis au Recensement de 2006 deviennent accessibles dans 92 ans, soit en 2098.

En ayant répondu « Oui », vous avez donné à vos descendants la chance de vous « rencontrer » dans l'avenir. Les réponses que vous avez indiquées sur le questionnaire du recensement permettront à vos descendants de mieux vous connaître ou de vous ajouter à leur arbre généalogique et de ressentir la joie que procure la découverte d'un ancêtre perdu.

Aspect moins personnel mais tout aussi important, le fait d'avoir consenti à ce que votre information soit rendue publique donnera aux historiens et aux généalogistes un aperçu de ce qui se passait véritablement au début du 21^e siècle. La vie que nous menons aujourd'hui intéressera tout autant nos descendants que le vécu de ceux qui ont façonné le Canada d'aujourd'hui.

En ayant répondu « Non », vos descendants ne pourront pas vous trouver en cherchant votre nom dans les dossiers historiques du Recensement de 2006. Faute d'accès à un précieux filon d'information historique, il leur manquera alors un morceau du puzzle de l'histoire unique qu'est celle de votre famille.

Le recensement fait partie du paysage depuis très longtemps, et l'information qu'on y recueille brosse un portrait de ce qu'était le pays à différentes pages de l'histoire. Le Canada doit la tenue de son premier recensement à Jean Talon, arrivé en Nouvelle-France en 1665 dans le cadre d'une mission pour le roi Louis XIV.

À l'hiver 1665-1666, la colonie fut le théâtre d'un recensement systématique, Talon faisant d'ailleurs une bonne partie du travail lui-même. Des renseignements y ont été consignés sur chacun des habitants de la colonie : leur nom et leur âge, leur profession, leur état matrimonial et leur lien avec le chef de la famille où ils vivaient. Talon nous apprend qu'en 1666, la colonie était peuplée de 3 215 colons européens divisés en 528 familles. Ils étaient plus de 2 100 à Québec, 635 à Montréal et 455 à Trois-Rivières.

L'information du recensement a toujours eu de multiples usages. Les données de ce premier recensement ont appris à Jean Talon que la colonie comptait presque deux fois plus d'hommes que de femmes. Information importante s'il en fut une, car c'est sur la foi de ce renseignement qu'on fit venir de France, pour épouser les ouvriers et les marchands ainsi que les soldats stationnés dans la colonie, de jeunes femmes qu'on baptisa « filles du roi ».

Il est important que les futurs historiens de la famille, les généalogistes et autres intéressés puissent consulter l'information la plus complète que faire se peut afin de tirer les bonnes conclusions sur le passé du pays. L'information dont ils hériteront les aidera à déterminer comment le pays a pris forme. Et chose tout aussi importante, vos descendants voudront en savoir un peu plus sur la vie de votre famille. Ainsi, les renseignements que vous inscrivez sur votre questionnaire du recensement vous aideront, vous et les membres de votre famille, à prendre chair aux yeux de ceux et celles qui consulteront les dossiers historiques du recensement dans un lointain avenir.

Sources

75 ans à compter : l'histoire de Statistique Canada. Ottawa, Statistique Canada, 1993.