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Entrevue avec Chad Gaffield, professeur d'histoire, Université d'Ottawa

Au Canada et dans le monde, il est d'usage que de rendre les dossiers du recensement automatiquement publics après un certain temps. Ils l'ont toujours été 92 ans plus tard au Canada. Cela donne aux descendants des familles et aux historiens intéressés une idée de ce qu'était la société un siècle plus tôt.

Cette année, pour la première fois, les Canadiens seront invités à prendre une décision importante au moment de remplir leur questionnaire du recensement. C'est qu'on ne diffusera plus automatiquement les renseignements personnels obtenus au recensement. On demandera aux répondants s'ils acceptent que leur information du recensement soit rendue publique dans 92 ans.

Voici une entrevue que nous avons réalisée avec le professeur d'histoire Chad Gaffield, qui révèle pourquoi les historiens estiment si important que de répondre oui à cette question.

M. Chad Gaffield est professeur d'histoire à l'Université d'Ottawa et chercheur principal de l'Infrastructure de recherche sur le Canada au XXesiècle, un projet dont l'objectif est de créer une base de données historique du Canada.

Professeur Gaffield, pourquoi les dossiers du recensement sont-ils si importants?

Le recensement est la clé de voûte de notre projet de base de données historique parce qu'il sert de preuve de l'évolution sociologique, démographique, culturelle et politique de la société canadienne.

Les dossiers du recensement sont importants. Nous avions l'habitude de penser que l'histoire est écrite par les gens célèbres, mais nous croyons maintenant qu'elle l'est par les gens ordinaires. Nous avons constaté en consultant les recensements de 1881, de 1891 et de 1901 que le nombre d'enfants est passé à l'époque de sept ou huit à trois ou quatre par famille. Cela s'est produit en l'absence de tout incitatif officiel à faire de moins grosses familles.

Cela vous aura échappé si vous avez étudié les documents historiques habituels – les permis de mariage, testaments et actes de transfert – sans vous intéresser aux dossiers du recensement. Et cet important tournant social est à l'origine de la scolarisation et du système d'aide sociale au Canada. Nous pensions également que les femmes étaient arrivées sur le marché du travail à la fin du 20e siècle, mais les dossiers du recensement nous apprennent qu'elles participaient activement à la vie économique dès la fin du 18e et du 19e siècles, travaillant chez elles ou à l'extérieur. N'eut été des dossiers du recensement, nous n'aurions jamais découvert cette dimension sociodémographique des femmes. Il est également important que les dossiers du recensement qui servent à tirer de telles conclusions soient aussi complets que possible.

Nous pensons que le recensement est la meilleure chance pour un individu de figurer aux annales de l'histoire et de témoigner de son existence.

Qu'allez-vous répondre le 16 mai?

Je vais certainement répondre oui, car je ne veux pas me rayer de l'histoire. Comme je viens de le dire, nous estimons qu'il n'y a pas meilleur moyen de figurer aux annales de l'histoire que de participer au recensement. Quelqu'un peut apparaître aux écrans de radar que sont les actes de naissance, les licences de mariage, les certificats de propriétaire et ainsi de suite, mais la preuve est faite que le recensement offre la meilleure chance à quiconque de pas sombrer dans l'oubli. Voilà pourquoi le grand public et les historiens utilisent les dossiers du recensement : parce qu'ils offrent aux gens la meilleure chance de continuer à exister dans les documents historiques.

Avez-vous un message à communiquer aux Canadiens?

Refuser de rendre son information publique dans 92 ans, cela revient au fond à dire qu'on ne compte pour rien dans l'édification de la société canadienne du 21e siècle. Pourquoi voudrait-on se rayer de l'histoire?

Fait à noter, personne ne s'est jamais opposé à la diffusion des renseignements personnels d'un individu 92 ans après coup. Personne ne s'est plaint au Canada, ou ailleurs dans le monde de ce qu'on rende public l'histoire de sa famille. Voilà qui est prodigieux, car cela s'applique au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni et vaut pour des millions de personnes. La règle des 92 ans est l'une des grandes réussites du Canada en matière de politique publique.

À bien y penser, nous savons, grâce aux dossiers du recensement, ce qu'ont dit les gens de leur emploi et de leur revenu en 1911 et nous avons ainsi appris à mieux connaître cette société. Sans avoir mis le nez dans les affaires de quiconque, cela nous a donné un aperçu de ce qu'était la société à l'époque.

Assurez-vous de figurer aux documents historiques du recensement de Statistique Canada en répondant « Oui » à la question sur les 92 ans.